Les dérives thérapeutiques

Les pratiques non conventionnelles en santé séduisent de plus en plus. Le CNOSF alerte sur leurs dérives et accompagne les sages-femmes dans la vigilance.

Un phénomène en plein essor

Plus de 400 pratiques non conventionnelles en santé (PNCS) sont recensées par l’Organisation mondiale de la santé. Jadis marginales, elles connaissent aujourd’hui un essor rapide, alimenté par les difficultés d’accès aux soins, la défiance envers la médecine conventionnelle ou encore l’engouement pour le « naturel ».

En France, un·e Français·e sur deux déclare y être plus favorable qu’il y a cinq ans (source : Odoxa). Pourtant, toutes ces approches ne se valent pas : certaines peuvent compléter la prise en charge médicale, d’autres sont inefficaces, voire dangereuses.

Des dérives inquiétantes dans la périnatalité et la santé des femmes

Les sages-femmes sont souvent en première ligne face aux dérives touchant la périnatalité : accompagnements pseudo-thérapeutiques, théories spirituelles du « féminin sacré », manipulations non autorisées sur les nourrissons…
Le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes appelle à une vigilance accrue :

  • Le féminin sacré, bien que présenté comme un courant d’épanouissement, peut devenir un terrain d’emprise psychologique ou financière.
  • En ostéopathie, certaines pratiques restent strictement encadrées par la loi : les manipulations gynéco-obstétricales et les touchers pelviens sont interdits, et toute intervention sur les nourrissons nécessite un certificat médical préalable.

Signaler une pratique déviante : un devoir professionnel

Lorsqu’une sage-femme identifie une pratique douteuse, plusieurs recours existent :

  • L’ARS ou le Conseil départemental de l’Ordre des sages-femmes, selon la situation ;
  • La MIVILUDES, pour tout soupçon de dérive à caractère sectaire ;
  • La DGCCRF, en cas de pratiques commerciales trompeuses ;
  • Le procureur de la République, pour les infractions pénales (exercice illégal, abus de faiblesse…).

Informer les patientes de façon neutre, fondée sur les données scientifiques, demeure une obligation déontologique.

Des risques juridiques réels pour les professionnelle·s

Les PNCS peuvent exposer les sages-femmes à de graves conséquences disciplinaires, civiles et pénales :

  • Violation du code de déontologie (articles R.4127-313 à 325 du Code de la santé publique) ;
  • Exercice illégal de la médecine ou complicité ;
  • Mise en danger d’autrui ou abus de faiblesse.

Une affaire disciplinaire de 2012 illustre ces risques : une sage-femme proposant sur son site des soins de type reiki, rituels celtiques et préparation placentaire a été condamnée à un an d’interdiction d’exercer pour manquements graves.

Les actions du CNOSF pour protéger les patientes et la profession

Face à ces constats, le CNOSF agit sur plusieurs fronts :

  1. Révision des diplômes complémentaires : retrait de l’homéopathie, de la phytothérapie et de la sophrologie de la liste officielle.
  2. Renforcement du partenariat avec la MIVILUDES pour identifier et prévenir les dérives sectaires.
  3. Dialogue avec les complémentaires santé afin d’encadrer le remboursement de pratiques non validées scientifiquement.
  4. Participation active au groupe d’appui technique sur les PNCS, créé par le ministère de la Santé en 2023.

Protéger, informer, agir

Le rôle des sages-femmes dépasse les soins : elles sont aussi actrices de la santé publique et de la protection des patientes.
Connaître les PNCS, savoir distinguer les pratiques reconnues des dérives, et signaler les situations à risque sont des gestes essentiels pour préserver la confiance et la sécurité dans la relation de soin.

Consultez le Guide sur les Pratiques Non Conventionnelles en Santé publié par le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes.

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